Le bonheur est parfois caché dans l'inconnu "Victor Hugo"

William Shakespeare dans les années 1600 a écrit Hamlet ; dans l’acte trois scène 1, les premiers mots commencent :

  • Être ou ne pas être : telle est la question ?

Il poursuit en disant :

  • y a-t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers d’une injurieuse fortune, ou à s’acharner contre elle pour mettre frein à une marée de douleur.

Nous sommes là en pleine dualité ; le bien le mal,  le vrai le faux, le jour la nuit, le froid le chaud. Y a-t-il un intermédiaire entre ces deux termes être ou ne pas être. 420 ans plus tard je me pose la question ; peut-on être soi-même en 2023 ? malheureusement être soi-même nous marginalise nous exclut des autres.  Dans une société morcelée en clans et en communautarisme on endosse consciemment ou inconsciemment un costume d’artifice et d’illusions pour ne pas subir.

Être différent, culturellement ou cultuellement, de la norme nous propulse une fois de plus dans la dualité.

Yogi jaclm

Permettez-moi de vous entraîner dans la caverne de mes interrogations où je vais tenter d’éclairer mes souvenirs tapis dans l’ombre de mes pensées. L’écriture de ces quelques lignes  peut commencer. Les partenaires sont là. La Lune patiente attend que la lumière Solaire esquisse les ombres de mes pensées non réfléchies. La vie me rappelle que je ne peux parler de l’ombre et la lumière sans évoquer brièvement le bien et le mal : 

Dans la notion du bien et du mal, plusieurs conceptions s’affrontent. Les uns en font des valeurs absolues et opposées, d’autres pensent qu’elles ne correspondent en soi à aucune véritable réalité. En réalité, la pensée aristotélicienne fait penser que le bien et le mal existent parce que la dualité existe. Cette perception dualiste et relative des choses est propre à l’être humain occidental. Bien et mal ne peuvent exister de manière absolue. Ils existent souvent en fonction du sens que nous donnons aux événements perçus en fonction de nos propres conditionnements.

Par ailleurs, les notions de Bien et de Mal peuvent également être relatives aux états d’évolution ou d’involution des individus. Il est vrai également que le bien n’existe que parce que le mal est là et, réciproquement, tout comme point d’ombre sans lumière.

La vie ne peut s’empêcher d’intervenir. « Cher amis ombre et lumière pensez-vous que vous existeriez sans les ténèbres ?

Ce n’est pas le sujet de tes écrits rétorque le Soleil ; as-tu oublié que j’ai succédé aux ténèbres ?

Je sais que tu as succédé aux ténèbres. Sache néanmoins que tu constitues un symbole universel avec les ténèbres. Je m’explique :

Pour en esquisser l’enjeu symbolique, on peut introduire trois grandes significations de la lumière sur le plan de l’imaginaire :

  1. La lumière séparation,
  2. La lumière-orientation,
  3. La lumière transformation.

Ces trois aspects de la lumière comme symboles se définissent par rapport à trois altérités ou trois formes de ténèbres, soit, respectivement :

–         L’abîme,

–         L’obscurité,

–         L’ombre et l’opacité.

–         Lumière séparation et abîme s’opposent dans un symbolique de la création.

–         Lumière orientation et obscurité structurent la symbolique de la connaissance.

  • La lumière transformation se heurte à une double altérité : s’opposant à l’opacité, elle est  symbole de la manifestation. Se confrontant à l’ombre, elle devient le symbole de la purification. C’est ce que Platon explique en nous invitant à sortir de notre caverne pour faire notre catharsis.                                                                                                                                        Yogi jaclm

Le voile noir de la nuit est tombé telle une chape de plomb sur les masques de la vie mondaine. Le théâtre nocturne peut enfin se jouer des artifices de la pensée cachée derrière les apparences et faux semblants de la vie humaine et des enjeux d’une société vouée pour l’éternité à l’expansion du modernisme et de la technologie sans cesse renouvelée. La gomme de dame nature vient d’effacer la lumière et les quelques ombres éparses de la réalité. Enfin, la conscience peut être enveloppée par la sincérité.

La sincérité est de l’ordre de la quête, du désir, du cheminement.

Nietzsche disait : « La sincérité mène à la mort ». C’est avant tout parce qu’elle est un embarquement pour une terre inconnue. Me voilà invité à rechercher mon moi profond et me mettre à la quête infatigable et sans fin de la connaissance de moi.

En faisant le bilan de ma journée tout en maintenant un regard objectif je me rends compte que la sincérité est volubile ; elle nous pulvérise, comme un étrange bélier dont les coups se font entendre dans notre chair même.

De fait, le désir de sincérité prend racine dans la souffrance : douleur du mensonge, indifférence insupportable d’autrui, mais aussi maladie ou deuil, sont ces insolites territoires de naissance.

La sincérité frôle souvent l’impertinence ou heurte de plein fouet les convenances et l’ordre établi. Il est de bon ton de la juger avec circonspection. Qui d’entre nous, derrière cette prétendue sagesse, ne cache pas quelques tourments anciens, quelques blessures non pansées, ou, plus probablement, une certaine lâcheté ?

Le sincère ne se contente pas d’infliger à l’autre une vérité qu’il ne veut pas nécessairement entendre. Il la réclame pour lui-même, passe son temps à soupçonner tous les porteurs de masques, veut débusquer l’hypocrisie sous l’habit de politesse, s’enivre à l’idée que la bienveillance apparente pourrait cacher quelques travers, et peut croire, comme le dit dans ses maximes La Rochefoucauld : « La sincérité est une ouverture du cœur. On la trouve en fort peu de gens ; et celle que l’on voit d’ordinaire n’est qu’une fine dissimulation pour attirer la confiance des autres.»

On le voit, il faut être prudent quand on fait un travail sur soi, car la quête de la connaissance de soi doit avoir une frontière pour éviter de se confiner dans le rôle de la victime qui n’est autre que les délices du narcissisme.

Je dirais qu’il faut faire l’éloge de la sincérité ; d’abord parce qu’elle est le privilège de l’homme libre.

Porter pour devise «la sincérité » peut sembler ridicule, mais la sincérité faite sienne demande du courage et « c’est une humeur couarde et servile que de s’en aller déguisé et caché sous un masque », disait très justement Montaigne dans son essai sur la présomption.

La sincérité ne saurait être confondue avec la volonté de ne rien taire, pas plus qu’avec le parler cru. Elle qui n’est pas toujours possible est en revanche toujours souhaitable.

Il ne faut pas reprocher aux hommes de parler sincèrement d’eux-mêmes, car cela témoigne que nous respectons que ceux-ci soient des êtres libres.
Yogi jaclm